Richard Bona: discographie et biographie d’un immense bassiste

Richard Bona: discographie et biographie d’un immense bassiste

Richard Bona est l'un des musiciens et chanteurs africains les plus applaudis à travers le monde. Référence mondiale du jazz, Richard Bona tutoie les plus grands de la World Music depuis plusieurs décennies. En juillet dernier, en compagnie du célèbre pianiste cubain Alfredo Rodriguez, il a émerveillé les nombreux mélomanes qui ont massivement assisté au festival jazz in Marciac. Parti de son Cameroun natal, Richard Bona a réussi à se hisser sur le toit de son art au gré de son travail et de sa détermination, avec une discographie aussi longue que le règne du Président de la République du Cameroun dont il critique l'inertie. Son engagement politique lui a d'ailleurs valu d'être subtilement interdit de retourner sur la terre de ses ancêtres. Qui est Richard Bona? Nous vous proposons de vous emmener à la découverte de cette virtuose de la guitare basse, adulée dans le monde et rejetée de son berceau.

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Richard Bona: discographie et biographie d’un immense bassiste
Richard Bona présente son nouveau projet 'The Flamenco Project' sur scène lors du Madrid Inquieta Festival à Sala BUT, le 10 mai 2014 à Madrid en Espagne. Photo: @Juan Naharro Gimenez
Source: Getty Images

De son vrai nom Bona Pinder Yayumayalolo, Richard Bona est un chanteur et bassiste américain d'origine camerounaise né le 28 octobre 1967 à Minta dans la région du Centre au Cameroun. Il a découvert la musique dans sa tendre enfance et, depuis lors, il n'a jamais arreté d'en jouer au point de devenir l'un des bassistes les plus doués de sa génération. Riche d'une époustouflante expérience internationale, il a collaboré avec de grands noms comme Herbie Hancock, Harry Belafonte, Steps Ahead, Quincy Jones, Chick Corea, Buena Vista Social Club, Cesária Évora, Sting, Mike Stern, Pat Metheny, Stevie Wonder, Bobby McFerrin, Chucho Valdés et George Bensone entre autres. Richard Bona est auteur de sept albums solo. Il a par ailleurs enseigné l'improvisation jazz à l'Université de New York.

Présentation sommaire de Richard Bona

  • Nom complet: Bona Pinder Yayumayalolo
  • Pseudo: Richard Bona
  • Genre: homme
  • Date de naissance: 28 octobre 1967
  • Âge: 53 ans
  • Signe du zodiaque: Scorpion
  • Lieu de naissance: Minta, département de la Haute-Sanaga, Région du Centre, Cameroun
  • Résidence actuelle: New York
  • Nationalité: américaine
  • Ethnicité: africaine
  • Sexualité: hétéro
  • Couleur des cheveux: noire
  • Couleur des yeux: noire
  • École: Collège Bénédicte de Douala
  • Métier: musicien, chanteur, enseignant de musique
  • Valeur nette: 9,7 millions de dollars
  • Facebook: Richard Bona
  • Instagram: richardbonaofficial
  • Twitter: Richard Bona
  • Site Internet: http://www.richard-bona.com

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La musique au bout des doigts, du balafon à la guitare

Imaginez un artiste qui ait la virtuosité de Jaco Pastorious, la fluidité vocale de George Benson, le sens de la chanson et de l’harmonie de Joao Gilberto, le tout mélangé à la culture africaine, vous avez Richard Bona.

C'est avec ce dithyrambe que le Los Angeles Times a présenté Richard Bona en 2001. Il avait 31 ans et comptait déjà parmi les plus grands de la musique sur le plan international.

Pour le journal l'Express, "Richard Bona fait courir son sourire, sa tranquillité et son élégance musicale partout dans le monde". Ces éloges sont assez révélateurs de l'immense talent et de l'oeuvre incommensurable du bassiste. Pourtant, née dans les profondeurs de la forets équatoriale, c'est par le plus grand des hasards que le chanteur a découvert son premier instrument de musique: le balafon.

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Le petit Bona était connu dans son village natal comme le plus grands des pleureurs. Dans un live diffusé sur Facebook en juillet 2020, il a révélé que ses pleurs troublaient continuellement la maisonnée entière de son grand-père.

Mais un jour, alors que le père de sa mère l'avait emmené dans l'une des chapelles de la bourgade pour y assister à une séance de travail d'un groupe de musiciens du coin, le petit garçon est résté transi, en admiration devant le spectacle pendant plusieurs minutes. Il venait de découvrir ce qui allait changer sa vie.

Ayant compris que son petit-fils avait aimé le balafon, le grand-père du petit Bona a décidé de lui en faire fabriquer un. C'est ainsi qu'il a ramené du champ un grand morceau du bois dont ont faisait les lames du balafon.

Seulement, fatigué d'attendre qu'on lui fabriquat son balafon, l'enfant a décidé un jour de tailler le bois en se souvenant de ce qu'il avait vu à la chapelle, pour en faire son premier instrument. Dès lors, il s'y est attaché à tel point qu'il ne quittait son nouvel ami que quand il fallait dormir.

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A à peine 3 ans, le gamin est devenu membre d'un groupe de musique qui animait les cérémonies du village.

Plus tard, à 7 ans, l'enfant a découvert un autre instrument alors qu'un prêtre itinérant passait par le village avec sa guitare. Séduit par cet autre outil de fabrication des sons, il a décidé de s'en faire un. A cet effet, il a mis le filet de pêche de son grand-père à contribution. Après plusieurs essais infructueux, il est finalement parvenu à quelque chose qui ressemblait à une guitare, produisant des sons mornes. Cette tenacité lui a valu une bastonnade copieusement administrée par son grand-père qui s'était retrouvé sans filet.

Le chatiment n'a pourtant pas entamé le désir de Bona d'avoir une guitare. C'est donc avec du fil métallique récupéré sur des cables de vélo volés chez le boutiquier du village qu'il a pu fabriquer une guitare qui produisait du son de meilleure qualité.

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Richard Bona: un immense bassiste
Richard Bona se produit sur scène lors du Nice Jazz Festival le 18 juillet 2010 à Nice, en France. Photo: @Christian Alminana
Source: Getty Images

Ses débuts dans les orchestres scolaires

Plus tard, Bona Pinder Yayumayalolo et sa famille se sont installés à Douala où son père travaillait comme conducteur d'engins lourds. Il y a poursuivi son apprentissage de la guitare à l'école, mais pas seulement. Une partie de l'argent que lui donnait son père pour l'école finissait dans une briqueterie du quartier où il allait jouer de la guitare contre le payement d'une petite contribution.

Un jour, il y a été surpris par son père qui avait été informé de ce que le jeune Bona avait sèché les cours. La malheureuse guitare a ainsi fini en lambeaux sur sa tete.

Après, Bona a été inscrit au collège Bénédicte pour y étudier la comptabilité. Il existait dans cet établissement un orchestre dans lequel jouait le regrété Kotto Bass entre autres. Un jour, en l'absence d'un membre de l'orchestre, la grande-soeur du jeune guitariste, elle aussi membre de l'orchestre, l'a convié à y jouer. C'est alors qu'il a impressionné la fondatrice du collège qui a ensuite fait de lui le chef d'orchestre.

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Quelques temps plus tard, le jeune artiste a fait la rencontre du chanteur Messi Martin qui venait d'être recruté comme surveillant général du collège Bénedicte. Il était surtout le directeur artistique d'un cabaret ouvert par la fondatrice du collège Bénédicte.

Mais c'est au cabaret Le vieu nègre que le jeune homme a fait ses débuts dans le monde du spectacle. Il avait été invité à y jouer par un pianiste. Pendant trois années, Bona a ainsi grincé sa guitare devant les clients de ce cabaret. Ses premiers salaires lui ont permis de s'offir enfin une guitare digne du musicien qu'il était en passe de devenir.

Plus tard, Richard Bona a fait la rencontre d'un Français qui tenait un club de jazz dans la capitale économique du Cameroun. Ce dernier lui a proposé de créer un orchestre de jazz. Le challenge était d'autant plus grand que Richard Bona ne savait rien du rythme pour lequel il dévait mettre un orchestre sur pieds en quelques semaines seulement.

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Ce n'est pas la rémunération que lui proposait l'expatrié qui l'a décidé à accepter le défi. L'enfant prodige de Minta avait envie d'apprendre. Il n'avait jamais entendu parler du jazz. C'est de cette envie qu'il a tiré le carburant nécessaire pour passer ses jours et ses nuits à explorer cette musique. Un jour, en écoutant un disque de Jaco Pastorius, Richard Bona, enthousiasmé par la vélocité du jeu du bassiste de Weather Report, a compris qu'il était fait pour le jazz. Il s'est aussitôt converti à ce nouvel instrument.

Richard Bona: discographie et biographie d’un immense bassiste
Richard Bona se produit le 8 octobre 2010 au Palais de la Culture à Abidjan. Photo: @Issouf Sanogo/AFP
Source: Getty Images

La révélation en Europe puis consécration en Amérique

A seulement 22 ans, Richard Bona a émigré en Allemagne où il a brièvement fréquenté le conservatoire de Düsseldorf avant d'arriver en France où il a poursuivi ses études de musique. A Paris, il a rejoint le célèbre Quintet d’Eric Le Lann, base d'une tournée à laquelle il a participé en Afrique de l’Ouest et du Nord. Le musicien a ensuite commencé à jouer régulièrement dans des clubs de jazz aux cotés de grands noms du jazz comme Jacques Higelin, Didier Lockwood, Manu Dibango, Salif Keita et Francis Lassus.

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En 1995, Richard Bona s'est inscrit dans la course pour le prestigieux Prix Découvertes de Radio France Internationale. Il y a compéti avec "Eyala" et a pu arriver en finale. Mais l'aventure du Camerounais en France s'est achevée la même année alors qu'il n'avait pas pu obtenir la prolongation de son titre de séjour.

C'est alors qu'il a été contraint de quitter le territoire français pour regagner le Cameroun. Ensuite, Harry Belafonte, chanteur et militant américain, est allé le chercher pour le faire jouer dans son orchestre. Bona s'est donc établi à New York, aux États-Unis.

Là encore, il a continué à fréquenter les boîtes de jazz et à travailler avec les plus grands comme Larry Coryell, Michael et Randy Brecker, Pat Metheny, Mike Mainieri, Mike Stern, Steve Gadd, Russell Malone, le batteur et percussionniste d'origine indienne Trilok Gurtu et Joe Zawinul. Il a également trouvé sa place au sein du groupe Soulgrass du saxophoniste Bill Evans où il a joué avec le guitariste béninois Lionel Loueke.

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En 1999, le premier album de Richard Bona a été édité par Columbia Jazz, une filiale de Sony Music. Il l'a intitulé Scenes from My Life. Deux ans plus tard, Pat Metheny et Michael Breckero ont participé à l'enregistrement de son deuxième album intitulé Reverence.

La même année, Bona est devenu un membre du groupe de Pat Metheny pour une tournée mondiale effectuée en 2002.

En 2003, Munia: The Tale, le troisième album du "Ninja" est sorti. On y a reconnu la voix de Salif Keïta qui avait participé à l'enregistrement de deux titres de l'album. En mai 2004, La virtuose de la guitare basse a reçu la recompense du ''meilleur artiste international de l'année" aux Victoires du Jazz.

En 2005, Richard Bona a participé au festival international de jazz de Montréal aux côtés de Bobby McFerrin avec lequel il a impresionné le public canadien lors d'une prestation live improvisée. La même année, son quatrième album solo intitulé Tiki a été découvert par le public. Il a été enregistré au Brésil, avec la participation du chanteur Djavan et de Susheela Raman.

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En 2008, toujours en quête de nouvelles expériences, Richard Bona a enregistré l'album Bona Makes You Sweat en public. En 2009, il a enchainé avec son album The Ten Shades of Blues, une véritable galette cosmopolite sur laquelle sont apparus des musiciens de différents continents.

Depuis sa révélation sur le toit du jazz, Richard Bona n'a pas arrêté de multiplier ses apparitions sur les scènes de festivals.

En 2012, le bassiste a reçu le Grand prix jazz de la Sacem. Son album Bonafied a été édité en mai 2013 par EmArcy Records, un label d'Universal Music Group.

Richard Bona: discographie et biographie d’un immense bassiste
Richard Bona joue en live au Blue Note le 22 novembre 2019 à Milan en Italie. Photo: @Roberto Finizio
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Discographie de Richard Bona

Solo

  • 1999: Scenes from My Life (Sony Music)
  • 2001: Reverence (Sony Music)
  • 2003: Munia: The Tale (Universal Music)
  • 2006: Tiki (Universal Music)
  • 2009: The Ten Shades of Blues (Universal Music)
  • 2013: Bonafied (EmArcy Records)
  • 2016: Heritage (Universal Music)

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En concert

  • 2008: Bona Makes You Sweat (EmArcy Records)

Collaborations

  • 1992: basse sur l'album Cap Fréhel d'Éric Le Lann
  • 1994: basse, contrebasse et synthé-basse sur l'album Aux Héros de la Voltige de Jacques Higelin (EMI)
  • 1996: basse et chœurs sur l'album My People de Joe Zawinul (Escapade Music)
  • 1997: basse sur l'album Spaces Revisited de Larry Coryell (Shanachie)
  • 1997: basse sur l'album live World Tour de Joe Zawinul
  • 1999: chant sur le morceau "Strength" sur l'album The Prayer Cycle de Jonathan Elias (Sony Classical)
  • 2000: basse sur Love Stories de Frank McComb (Sony/Columbia)
  • 2001: basse, chœurs et kalimba sur l'album Voices de Mike Stern (Atlantic Records)
  • 2002: basse, chœurs et chant sur l'album Faces & Places de Joe Zawinul (ESC)
  • 2002: basse, guitare, percussion et chant sur l'album Speaking Of Now de Pat Metheny (Warner Bros)
  • 2002: Guitare sur l'album Come Dream With Me de [Jane Monheit]
  • 2003: basse sur l'album Irreplaceable de George Benson
  • 2003: basse sur l'album Word of Mouth Revisited en hommage à "Jaco Pastorius"
  • 2004: basse, percussions et kalimba sur l'album These Times de Mike Stern (ESC)
  • 2004: Toto Bona Lokua, album collégial coécrit avec Gérald Toto et Lokua Kanza (No Format!)
  • 2005: basse sur l'album Plus Vivant de Lokua Kanza (EmArcy Records)
  • 2005: guitare, percussion et chant sur l'album The Way Up de Pat Metheny (Nonesuch Records)
  • 2006: basse et chœurs sur l'album Who Let The Cats Out de Mike Stern (Heads Up International)
  • 2006: basse sur l'album Smoke 'n' Mirrors de Lee Ritenour (Peak Records)
  • 2008: contrebasse, chant et chœurs, pour le titre Drume Negrita sur l'album Gracias de Omara Portuondo (World Village)
  • 2011: chant et chœurs, pour le titre La Javanaise sur l'album From Gainsbourg to Lulu de Lulu Gainsbourg (Fontana)
  • 2011: chant, pour le titre Bodimbea sur l'album Dube L'am de Charlotte Dipanda (Fait main productions)
  • 2012: chant, chœurs et basse pour les titres "Cameroon" et "Light" sur l'album All Over the Place de Mike Stern
  • 2016: chant et basse pour le titre "Raíces" sur l'album Tocororo de Alfredo Rodríguez
  • 2017: Bondeko, album collégial coécrit avec Gérald Toto et Lokua Kanza (No Format!)
  • 2018: basse sur Coffee Break de Jonah Nilsson

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Les artistes camerounais Richard Bona, Kareyce Fotso et Valsero au Zenith de Paris le 18 septembre 2021 à l'occasion du concert du rappeur Valsero. Photo: @GPS Photographe
Source: Facebook

Son engagement en politique

L'engagement du chanteur Richard Bona se traduit par ses positions tranchées contre le régime de Yaoundé. Il en a fait l'objet de plusieurs chansons dans lesquelles il dénonce l'inertie, la mal gouvernance et la corruption qui ont fait leurs nids dans divers secteurs de la vie du Cameroun. Il ne cache pas son affection pour Maurice Kamto, le principal opposant politique du pays.

Après le massacre perpétré sur les population de Ngarbuh dans la région en crise du Nord-Ouest en février 2020, le chanteur a composé une chanson qu'il a intitulée Ngarbuh, en mémoire de ces victimes. Invité en juin 2020 dans l'émission "C'est le moment" présentée par Ata Ahli AHEBLA sur BBC, le bassiste a déploré le déni de l'implication des forces armées dans cette attaque par le gouvernement camerounais avant de préciser que les dirigeants du pays détenaient les clés de la résolution du conflit.

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Par ailleurs, il a indiqué que la moitié des bénéfices engendrés par ce titre serait reversée à l'initiative Survie Survival Cameroun Initiative lancée par le Professeur Maurice Kamto pour lutter contre la propagation de la Covid-19 en terre camerounaise.

Il s'est cependant défendu d'appartenir au MRC, le parti politique dirigé par le Professeur de droit.

Ses positions lui ont valu d'etre raillé par de nombreux membres du gouvernement local. Pour ces meme raison, il n'a pas pu assister aux obsèques de sa mère en 2017. Mais il a une grande communauté qui suit massivement ses lives sur les réseaux sociaux.

Source: Legit.ng