Pourquoi se trouve-t-on souvent plus moche en photo? La science l'explique
Pourquoi suis-je si moche sur cette photo ? On s'est déjà tous posé cette question en regardant un cliché de soi. Même si la photo n'est que le reflet de notre image de façon générale, il arrive souvent que nous ne nous y reconnaissons pas. Voulez-vous comprendre ce phénomène ? Le but de cet article est d'y faire la lumière.
Les applications comme Snapchap font florès pour la simple raison que la plupart des humains sans distinction cherchent à améliorer l'image que les photos projettent d'elles. Il y a plusieurs raisons qui justifient cette insatisfaction.
1. La simple exposition
D'après le site Wired, la première raison du rejet de l'image projetée par la photo est le miroir. En effet, selon Robert Zajonc qui a mené des études sur la question dans les années 1960, l'effet de simple exposition est l'augmentation de la probabilité d'avoir une bonne opinion d'une personne ou d'un objet du fait de l'exposition répétée ou prolongée de cette personne ou de cette chose à la vue.
De façon prosaïque, lorsque l'on se regarde dans un miroir, on se fait une image de soi qui peut-être différente de la réalité que nous projette la photo.
Selon les recherches de Robert Zajonc, notre perception des choses change positivement au fil de son exposition à notre vue. On peut donc se trouver hideux la première fois que l'on se regarde dans un miroir, et très beau après plusieurs coups d'œil dans la glace.
Généralement, notre idée de nous même se trouve ainsi améliorée, édulcorée, du fait de l'effet de simple exposition, l'image du miroir n'étant alors qu'une une image altérée de soi.
De cette façon, lorsque l'on se retrouve devant une photo de soi, on a l'impression que le photographe a mal fait son travail, alors que c'est notre cerveau qui nous joue des tours.
Par ailleurs, devant le miroir, on ne voit qu'une partie de nous. On n'a donc très souvent qu'une idée parcellaire du reste de notre corps et quand vient le moment de nous contempler dans notre entièreté, c'est la désillusion.
2. Image fixe contre image mobile
L'effet visage figé est ou frozen face effect est la perception qu'on a de son visage selon qu'il est fixe ou en mouvement. Il suffit d'arrêter une vidéo en marche pour s'en rendre compte. Même si on n'a pas l'habitude de se voir en mouvement, cela arrive souvent au travers d'un miroir ou d'une vidéo.
La photo sur laquelle l'image est fixe présente ainsi une image de nous qui est différente de celle que nous avons déjà.
3. Distorsion de perspective
La distorsion de perspective est la déformation de notre image par l'objectif du téléphone pendant le selfie, en fonction de la distance d'exposition. Les lentilles placées à l'avant de l'appareil sont de grands angles et cela crée une déformation globale du visage. De ce fait, plus le sujet est proche de l'appareil et donc de l'objectif, moins son image est fidèle à la réalité.
En effet, de façon concrète, un selfie pris à 30 cm du visage rend le nez plus gros de 30% à sa base comme l'a démontré le docteur Boris Paskhover dont le cabinet devenait submergé de demandes de rhinoplastie. De plus, le nez devient 7 % plus long par rapport à une photo prise à une distance de 150 cm.
Les lentilles de l'appareil photo avant de nos téléphones ont donc tendance à créer une déformation du fait des grands angles impliqués dans la prise de vue.
C'est pour cette raison que les selfies sticks et surtout les filtres proposés par Snapchat entre autres sont proposés à l'effet de corriger cette déformation. Malgrè ces outils et artifices, de nombreuses personnes ne sont pas satisfaites du rendu de leurs smartphones.
Une étude de l'Académie américaine de chirurgie reconstructive et plastique facile a révélé en 20017 que 55 % des patients ayant consulté les chirurgiens plastiques cette année-là cherchaient à améliorer leur apparence sur les selfies. Une bonne partie de ces patients ont eu recours à la rhinoplastie.
4. Le défaut de photogénie
Il est difficile de donner une définition satisfaisante de la photogénie. Selon Vannina Micheli-Rechtman, psychiatre et psychanalyste, il y a confusion de la conception même de la photogénie. Selon elle, " Dire que l’on n’en est pas pourvu signifie ne pas être satisfait de son image ".
" Ce qui est différent d’être satisfait de soi, et différent d’être satisfait de sa beauté. À l’heure de Facebook et autres réseaux sociaux, la question de l’image prend une place considérable dès lors que seul ce qui est visible existe. ", a-t-elle ajouté.
Pour le philosophe Emmanuel Levinas, le visage a un statut particulier, car il est expressif, contrairement à toute autre partie du corps. Ainsi, on ne peut l'enfermer dans une forme parce qu'il " révèle l’être, il n’est pas une image ".
De nombreuses personnes expliquent le sentiment étrange que l'on a devant une photo de soi sur laquelle on se trouve moche par un déficit de photogénie. Ce prétexte est en effet moins pénible que que l'acceptation d'un éventuel défaut.
De l'avis d'Alberto Eiguer, cet arrêt sur le visage révèle une vérité qui nous secoue, nous surprend parce qu'il présente quelque chose de figé, quelque chose de faux, relativement à ce qu'on a dans la mémoire, " ce décalage entre l’image que nous avons de nous en notre for intérieur (souvent plus jeune) et celle de la photo ", comme précise le psychanalyste , auteur du Pervers Narcissique et son complice.
Source: Legit.ng