Affaire Alain Lamare : retour sur le tueur de l'Oise, gendarme fou
En novembre 2023, on aurait pu célébrer les quarante années de la fin de l'affaire Alain Lamare, du nom du tueur de l'Oise. Entre mai 1978 et avril 1979, il a commis de nombreux crimes. Comment ce gendarme a-t-il basculé du coté des anges vers le monde obscure des méchants ? Nous vous replongeons dans l'histoire du gendarme fou de l'Oise.
Si Alain Lamare était un assassin au-dessus de tout soupçon comme l'a indiqué Yvan Stefanovitch dans son livre consacré au fou de l'Oise, c'est que ce dernier enquêtait lui-même sur les crimes qu'il avait commis.
Son théâtre a duré quelques mois et après un meurtre, cinq tentatives de meurtres et quinze vols de voitures, il a été arrêté le 8 avril 1979. Il n'avait alors que 23 ans. Il est entré dans l'histoire comme l'un des tueurs les plus énigmatiques du siècle dernier comme Ed Gein, Richard Ramirez ou Guy Georges.
Présentation d'Alain Lamare
Nom de naissance | Alain Lamare |
Date de naissance | 10 juillet 1956 |
Lieu de naissance | Fruges, Pas-de-Calais, Hauts-de-France,France |
Age | 67 ans |
Signe astrologique | Cancer |
Nationalité | française |
Surnoms | Tueur de l'OiseTueur fou de l'Oise |
Père | agriculteur |
Mère | femme au foyer |
Fratrie | 2 frère, 1 sœur |
Profession | gendarme |
Actions criminelles | meurtre, tentatives de meurtre et vols de voitures |
Arrestation | 8 avril 1979 |
Condamnation | 10 juin 1981, confirmée en novembre 1983 |
Sentence | pénalement irresponsable de ses actes |
Comment le gendarme Alain Lamare est-il devenu le tueur de l'Oise ?
Dans les années 1970, le département de l'Oise, dans la région Hauts-de-France a été plongé dans une psychose à la suite de l'affaire Marcel Barbeault connu sous le surnom du tueur de l'ombre. Après avoir assassiné sept femmes et un homme entre 1969 et 1976, Marcel Barbeault a été arrêté le 14 décembre 1976. Dans le département, un jeune gendarme de 20 ans suivait l'affaire avec la plus grande attention.
C'est à cette période que Lamare aurait perpétré ses premiers crimes. En effet, en mai 1978, une Peugeot 504 a été découverte au carrefour des Ripailles, dans la forêt de Chantilly. Le véhicule volé qui appartenait à l'épouse d'un gendarme portait un plan pour le braquage de la poste de Pierrefonds.
Les autres indices qu'on y a découverts, dont un étuis de cartouches de carabine ou de fusil, une cordelette et une seringue hypodermique, ont fait croire aux enquêteurs qu'il s'agissait du coup d'un gang de bandits. Ils ont découvert plus tard que ces indices avaient été laissés par le criminel pour les mettre sur la piste du banditisme.
On a ensuite établi un lien entre cette découverte et l'agression par balles dont une jeune fille de dix-sept ans, Karine Grospiron, avait été victime deux mois plus tot à Pont-Sainte-Maxence. Elle avait subit les assauts d'un homme conduisant une Renault 12 grenat volée. On a également rattaché cette découverte à celle d'une voiture volée et piégée, dont l'explosion avait blessé un gardien de la paix à Creil.
Pour narguer les militaires, l'auteur de ces crimes leur a envoyé des lettres manuscrites revendiquant les crimes. Plus tard, il a commis deux nouvelles agressions sur des femmes dont l'une a été grièvement blessée, et l'autre paralysée. En 1978, il a opéré le braquage de la poste de Senarpont et a volé une nouvelle voiture qu'il a également piégée.
Le 1er décembre 1978, celui qui n'avait commis que des agressions et vols de voitures jusque-là est passé à un niveau supérieur en tuant une jeune auto-stoppeuse de dix-neuf ans, Yolande Raszewski, en bordure de l'hippodrome de Chantilly. Sa malheureuse victime a reçu plusieurs balles d'un Beretta 9 mm court. Le tueur avait prévenu en envoyant une lettre dans laquelle il avait écrit « la prochaine fois je viserai le cœur ».
Le 29 décembre 1978, une jeune dame prénommée Andrée a été une énième victime du tueur de l'Oise. Il l'avait prise dans sa voiture à la sortie de Compiègne. C'est elle qui a pu aider à établir le premier portrait-robot du tueur, quand elle est sortie du coma quelques jours après avoir échappé à son bourreau. Ce dernier a pourtant échappé aux poursuites.
Comment le tueur de l'Oise s'est-il fait prendre ?
Quoique gendarme, le tueur de l'Oise ne prenait pas la peine de supprimer les indices et empreintes qu'il laissait sur les lieux où il commettait ses forfaits. Il a néanmoins réussi a passer entre les mails du filet des enquêteurs.
Si le commandant de la compagnie de Clermont, Jean Pineau, a émis l'hypothèse que le tueur serait un membre des forces de l'ordre au regard de la structure de la lettre que ce dernier avait envoyée à la gendarmerie, cette piste n'a pas été prise au sérieux au début de l'affaire. Les supérieurs de Jean Pineau ont écarté cette hypothèse en arguant qu'il était inimaginable qu'un gendarme ou un policier se fut l'auteur de ces crimes.
Pourtant, après avoir échappé à l'assaut des CRS alors qu'il conduisait la voiture d'un ancien ministre à Rambouillet volée par lui-même le 17 mars 1979, Lamare s'est enfui. Mais son portrait-robot s'est davantage précisé.
Réconfortés dans leur idée que Lamare était le tueur de l'Oise, un inspecteur de la PJ de Creil, Daniel Neveu, ayant participé aux enquêtes dans l'affaire de Marcel Barbeault, et le maréchal des logis-chef Claude Morel se sont appuyés sur des éléments comme l'analyse graphologique.
Ils ont comparé les écritures entre les courriers anonymes envoyés à la gendarmerie et les procès verbaux de Lamare pour charger le jeune gendarme auprès du capitaine Pineau qui a constaté à son tour que Lamare était toujours absent du peloton, les jours des meurtres ou des vols de voitures.
Le 8 avril 1979, Jean Pineau, et l'adjudant Henri Cavalier, commandant du peloton de surveillance et d'intervention de Chantilly, ont procédé à l'arrestation du jeune Lamare après l'avoir rappelé d'une opération sous le prétexte d'une enquête sur un vol.
Alain Lamare a-t-il été condamné pour ses crimes ?
Âgé alors de 23 ans, Alain Lamare était en service au PSIG de Chantilly et participait aux enquêtes menées contre le tueur de l'Oise. En garde à vue, il a fini par tout avouer. Mais il a ensuite été déclaré pénalement irresponsable, après des avis divergents d'experts psychiatres dont certains ont conclu qu'il était atteint d'une maladie mentale rare appelée l'héboïdophrénie.
C'est ainsi qu'en janvier 1983, le tribunal de Senlis a rendu une ordonnance de non-lieu dans l'affaire du tueur de l'Oise, sur la base de ce constat psychiatrique. Lamare n'a donc jamais été jugé, malgré ses aveux et la possession d'une arme personnelle dont il se servait pour la commission de ses crimes.
Il a été interné en unité pour malades difficiles au centre hospitalier spécialisé de Sarreguemines. Il y est resté jusqu'en 2011 avant d'être transféré un centre hospitalier spécialisé de Saint-Venant.
Source: Legit.ng