Qui est Jacqueline Maillan? Sa vie, ses œuvres et sa mort.
Figure incontestable du théâtre et du cinéma français, Jacqueline Maillan aurait célébré son 97ème anniversaire le lundi 11 janvier passé. Nous vous présentons ici un juteux coup d’éclair sur cette femme capable de faire rire aux larmes son public au théâtre, mais aussi au cinéma et à la télévision.
Née le 11 janvier 1923 à Paray-le-Monial, Jacqueline Maillan, a rendu l’âme le 12 mai 1992 à Paris, succombant à une hémorragie interne à la veille d'une opération cardio-vasculaire. Elle aurait ainsi pu souffler ses 97 bougies en cette année 2021.
À l’école, Jacqueline Maillan était pratiquement une mauvaise élève, mais adorée de ses professeurs et camarades de classe pour son sens inné et original de la comédie. Ainsi Jacqueline Maillan prépare un certificat de capacité en droit (CAPD), un diplôme national universitaire de niveau 4, avant de suivre des cours de puériculture. Elle trouve finalement un emploi de secrétaire auprès d'un pharmacien.
Pour assouvir sa passion du "Jacqueline Maillan théâtre" et plus particulièrement de la tragédie, Jacqueline Maillan jeune, débarque à Paris en 1944 avec sa famille. Premièrement, elle s’inscrit au cours d’art dramatique Tonia Navar puis ensuite au Cours Simon.
Bien qu’ayant fait rire au célébrissime acteur français René Simon, fondateur du cours qui porte son nom, ce dernier lui déconseille la tragédie. Mais il n’ a pas toutefois manqué de lui prédire le succès... à 40 ans.
Initialement destinée à jouer la tragédie, Jacqueline Maillan films où elle préfère de jouer deviennent comédies. Mais c’est plus tard, à la fin des années 1950, que le succès lui sourit véritablement. Elle, qui habituée aux rôles de femmes exubérantes sur scène, réussit surtout à se faire imposer pour ses nombreux rôles au théâtre. Bientôt son savoir-faire comique lui vaut le surnom de « de Funès en jupons ». D’ailleurs, elle en donne la réplique à Louis de Funès à maintes reprises au théâtre. C’est dans la même ferveur et folie du succès, que le film de Jacqueline Maillan Pouic-Pouic, lui confirme définitivement sa célébrité dans les livres du septième art.
Et pourquoi cette passion pour le théâtre?
Une fêlure remontant à son enfance est évoquée. A sa naissance en 1923, ses parents espéraient en réalité un garçon, après avoir perdu un petit garçon à l'âge de deux ans. Mais Jacqueline devient leur troisième fille. Selon son amie Marion Sarraut, je la cite ici en ses propres mots :
«...c’est ce qui a dû déterminer sa volonté de devenir quelqu'un....»
Il lui fallait convaincre ses parents de sa vocation.
Enfin le succès…
Ainsi, de la fin des année 1950 jusqu’en 1968, Jacqueline Maillan enchaine au théâtre des rôles dans nombres de scènes impressionantes telles que, Le Chinois de Barillet et Grédy, Gog et Magog, Croque-monsieur, La Facture de Françoise Dorin, Folle Amanda, Potiche, Lily et Lily, La Cuisse du Steward, Retour au désert, Le Pont japonais. On la vit également aux côtés de ses amis Maritie et Gilbert Carpentier, notamment Les Grands Enfants de 1967 à 1970, sur des émissions de divertissement à la télévision.
En 1973, la pièce de théâtre de Jacqueline Maillan Madame Sans Gêne, a notamment été l’une de ses apparitions magistrales les plus remarquables de sa carrière. C’est en effet une comédie dramatique historique de Victorien Sardou et Émile Moreau, concernant des incidents dans la vie de Catherine Hübscher, blanchisseuse au franc-parler du XVIIIe siècle devenue duchesse de Dantzig. La pièce est décrite par ses auteurs comme «trois actes avec un prologue».
Également, la pièce de théâtre de Jacqueline Maillan Potiche a été l’objet de l’une de ses apparitions les plus sublimes. C’était une création de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy le 17 septembre 1980 au théâtre Antoine. La pièce relate comment une certaine Suzanne Pujol, femme rêveuse mais néanmoins héritière d'une usine de parapluies, épouse de Robert, un homme au caractère ombrageux, dirige l'usine. Une grève surprise oblige Robert, désavoué par le personnel, à céder sa place de dirigeant à Suzanne…
Dans la ferveur de son ascension, elle se fait surnommée « la Maillan », devenant une des vedettes du théâtre de boulevard. Elle y crée son spectacle J'ai deux mots à vous dire au théâtre de la Michodière en 1984. Ce dernier est écrit par Jean-Pierre Delage, comprenant plusieurs chansons de Michel Emer (son mari).
Grâce au succès de ladite pièce, et la programmation préalable de la Michodière, le spectacle est repris au théâtre des Bouffes Parisiens. Michel Emer rend l’âme en novembre 1984, mais quatre jours plus tard, Jacqueline monte sur scène et interprète brillamment le rôle devant son public.
Au soir de sa carrière, Jacqueline se diversifie en se lançant dans des spectacles solos. Son tout dernier spectacle “one woman show” écrit par Pierre Palmade, s’intitulait Pièce montée.
Par la suite, elle s’est faite de plus en plus rare au cinéma. Elle qui fut pourtant l'une des actrices fétiches de Jean-Pierre Mocky. A cet effet, Mocky lui offre l'un de ses rôles les plus tonitruants dans Les Saisons du plaisir. Aussi, dans la pièce de théâtre de Jacqueline Maillan Papy fait de la résistance, s’illustrait-elle merveilleusement bien à travers une farce géniale et irrévérencieuse de Jean-Marie Poiré.
Une femme au caractère très dissimulateur
Jacqueline était beaucoup plus calme lorsqu’elle n’était pas sur scène face au public. Un public où elle se donnait à 200%. Certains l’auraient même qualifiée de transparente et taciturne. Mais la richesse dont elle regorgeait, seul son mari Michel Emer avait pu l'apprivoiser avant son décès. Elle s'était ouverte à Michel et d'après les informations rapportées par Le Parisien, il aurait été la seule personne à laquelle la comédienne faisait autant confiance pour se livrer pleinement.
L’émission "Un jour, un destin" diffusé sur France 2, la décrivait comiquement en 2013, comme ayant été plutôt complexée et un peu garçon manqué durant son enfance. Elle y était perçue comme étant une femme extrêmement pudique et discrète hors des plateaux et de la scène, faisant tout son possible pour préserver sa vie privée.
Le secret qu’elle emporte à la tombe..
Celle qui a été la reine du théâtre de boulevard cachait une personnalité complexe. Il n’a pas du tout été aisé à Jacqueline Maillan de dissimuler ses craintes que cette bisexualité - profondément stigmatisée durant les années 1950 et 1960 - soit livrée au grand jour. Mais si Michel Emer, a très bien su porter ce fardeau à ses côtés, cela n’en démords pas les nombreux commentaires des journalistes français de son vivant. A chaque fois qu'on l’y interroge, elle devient très nerveuse.
Ce qui n’a pas empêché la journaliste France Nespo de le remarquer au cours d'une interview. Interrogée au sujet de l'année 1975, décrétée "année internationale des femmes", la comédienne s'était tue, manipulant des objets autour d'elle pour se distraire.
"Elle devait penser que j’étais au courant de son secret de vie, de son amour des femmes ou en tout cas d’une femme. Mais je ne le savais pas à ce moment-là", s'était rappelée France Nespo.
Aujourd'hui on peut trouver plusieurs Jacqueline Maillan youtube sketches sur Internet.
Source: Legit.ng